18 septembre 2024

Transformer l’éco-anxiété en éco-enthousiasme

Valérie Prulhière et Emmanuel Caillaud ont été missionnés pour animer un groupe de réflexion sur le thème de « L'enthousiasme de l'ingénierie pour dépasser l'éco-anxiété ». Ils évoquent la réflexion en cours.

Obstacle à l’action ou impulsion, l’éco-anxiété est une réalité. Elle affecte en particulier les étudiants qui contribueront aux transitions indispensables. Afin de comprendre ces ressorts émotionnels, montrer en quoi l’ingénieur peut relever les défis, identifier les nouveaux paradigmes et les transformations à réaliser dans les enseignements d’ingénierie, le Think Tank a missionné Valérie Prulhière et Emmanuel Caillaud. Ils animent un groupe de réflexion sur le thème de « L'enthousiasme de l'ingénierie pour dépasser l'éco-anxiété ». Ils évoquent la réflexion en cours.

Pourquoi avoir choisi l’angle de l’éco-anxiété pour évoquer la place de l’ingénieur dans les enjeux de transition ?
Valérie Prulhière - L’idée est venue avec la vidéo de remise des diplômes des étudiants d’Agro. Un choc. Nous avons pensé qu’il devait aussi se passer quelque chose chez les étudiants en formation d’ingénieur. Qu’on soit d’accord ou pas avec leur réaction radicale, il faut entendre le fond du message.
Emmanuel Caillaud - Cela nous a mis une claque. Alors que les élèves d’Agro sont les plus formés au vivant et à ses enjeux, ce sont eux qui réagissent le plus durement. Nous nous sommes demandé comment nos élèves pouvaient jouer leur rôle d’ingénieur et de manager dans le monde qui les attend. Ils ont les connaissances et les compétences, mais nous n’avons pas intégré cette dimension émotionnelle. Il est essentiel de se pencher sur la problématique d’un nouveau sens à donner aux nouvelles générations dans leur mission d’ingénieur.
Valérie Prulhière - Ce n’était pas au cœur des préoccupations des générations précédentes. La mission de l’ingénieur était de réfléchir pour trouver une solution. Il n’y avait pas cette dimension émotionnelle, ces questions autour du sens, du sentiment de légitimité et d’être à sa place.

Comment vous êtes-vous saisis de ce sujet ?
Emmanuel Caillaud – En constituant une équipe de travail solide, pertinente et intergénérationnelle, avec une diversité de points de vue et de valeurs. Un temps de compréhension était nécessaire entre une génération qui ne s’interrogeait pas sur les valeurs sous-jacentes de la démarche d’ingénierie et la nouvelle qui nous y ramène. 
Valérie Prulhière - Cela nous permet d’avoir un groupe divers mais résolument volontaire pour s’écouter.

Quels sont les premiers enjeux soulevés ?
Valérie Prulhière - L’éco-anxiété met face à une dualité : ne rien faire ou trouver des solutions. Il s’agit de réfléchir à la façon de transformer la colère et l’éco-anxiété pour la mettre au service d'une science responsable et citoyenne.
Emmanuel Caillaud - Les solutions ne sont pas seulement techniques, mais aussi humaines. La vision est bien plus large et complexe. On constate une difficulté à appréhender des modèles positifs. Il est intéressant de partager ensemble sur les valeurs, les engagements pour être leader de la conduite du changement. Il est nécessaire d’accompagner la définition partagée d’un imaginaire et de projeter des modèles d’ingénieurs positifs pour demain. La force des ingénieurs, c’est d’agir !


 

Le groupe de réflexion

Emmanuel Caillaud, Professeur des universités en management au CNAM
Valérie Prulhière, Vice-Présidente Projets, International et RSO de la Société des Ingénieurs Arts et Métiers et coach spécialisée dans l’accompagnement des adolescents et des jeunes adultes
Cyril Batolo, Alumni Arts et Métiers, Ingénieur en Energies Renouvelables, Président de la COP3 Étudiante
Jean-Pierre Chevalier, membre de l’Académie des Technologies
Simon Foucherault, Alumni et doctorant Arts et Métiers 
Tatiana Reyes, professeur en éco-conception, Ensam
Alix Sennyey, Coach, formatrice et consultante en management